Le début de l’influence française dans les pays roumains
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CABAC, Ludmila. Le début de l’influence française dans les pays roumains. In: Tradiţie şi modernitate în abordarea limbajului: Materialele colocviului comemorativ international consacrat aniversării a 65-a de la naşterea profesorului Mircea Ioniţă, 25 noiembrie 2006, Bălţi. Bălţi: Universitatea de Stat „Alecu Russo" din Bălţi, 2006, pp. 120-130. ISBN 978-9975-50-014-2 .
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Tradiţie şi modernitate în abordarea limbajului 2006
Colocviul "Tradiţie şi modernitate în abordarea limbajului"
Bălţi, Moldova, 25 noiembrie 2006

Le début de l’influence française dans les pays roumains


Pag. 120-130

Cabac Ludmila
 
Université d'État "Alecu Russo" de Balti
 
 
Disponibil în IBN: 23 martie 2020


Rezumat

 «Qu’est-ce que la Roumanie pour le monde ?   …Pour nous, Français, qui aimons, sur la  table des valeurs, donner la première place  aux valeurs spirituelles, la Roumanie, c’est  avant tout une âme, une âme où nous  reconnaissons la nôtre. C’est une âme sœur  qui fait d’elle pour nous une nation sœur» Comte de Saint - Aulaire L’influence française dans les Pays Roumains au début du XIXe siècle a eu un caractère créateur et régénérateur. A cette époque, le peuple roumain, si bien doué (sic), n’a pas eu la chance et l’honneur de contribuer à la formation de la culture européenne. Pour des motifs historiques – la domination pendant des siècles par l’Empire ottoman– il a perdu beaucoup de ce qu’avait réalisé la civilisation européenne. Mais les deux parties avaient perdu: la culture européenne et le peuple roumain. La culture européenne a perdu aussi parce qu’une corde, qui pouvait être sonore, n’a pas vibré. [Ibraileanu, Garabet, p. 25]22 Il n’y a aucun peuple qui n’ait emprunté aux autres. La civilisation c’est l’accumulation. [Ibraileanu, Garabet, p. 27] L’histoire de la culture roumaine à partir du XVIe siècle est l’histoire de l’introduction de la culture occidentale dans l’espace roumain et de son assimilation. L’influence subie au long du XIXe siècle, c’est une des périodes, la plus importante et la plus décisive. L’impact occidental et l’essor de la culture roumaine étaient des phénomènes qui se produisaient simultanément. La France a toujours été pour la Roumanie, cette « île de la latinité », située au carrefour de trois empires, une sœur aînée, et le français, langue d’élection. La Roumanie sait qu’Alphonse de Lamartine et Edgar Quinet l’ont aimée. Jules Michelet s’est penché sur elle et a plaidé la cause de la nation sacrifiée. Peuples de l’Occident qui, depuis si longtemps, loin de la barbarie, cultivez l’art de la paix, gardez toujours un reconnaissant souvenir pour les nations orientales qui, placées aux frontières de l’Europe, vous ont couverts et préservés du déluge tartare et des armées des Turcs ; n’oubliez pas tout ce que vous devez à la Pologne, à la Hongrie, à l’infortunée Roumanie. Comment appellerais-je la Roumanie, les Valaques et les Moldaves ? L a n a t i o n s a c r i f i é e. La Hongrie, la Pologne, ont eu du moins la gloire de leurs souffrances, leur nom a retenti par toute la terre. Les peuples du bas du Danube ont à peine obtenu l’intérêt de l’Europe. (…) Peuple né pour souffrir, la nature l’a doué de deux choses qui font durer : la patience et l’élasticité, qui font que, toujours courbé, toujours se relève. [Michelet, Jules, p. 247]    Les Roumains, ce peuple offert si souvent en sacrifice par les grandes puissances, tenu pendant des siècles pour «balkanique», n’a jamais cessé de se sentir Européen, de se tourner vers les valeurs européennes. Il a toujours cru et espéré dans l’appui de la France.  Le désir d’affirmer leur origine et celui de participer au mouvement d’idées de l’époque, aux changements survenus dans la vie des peuples, poussa les Roumains à tourner leurs regards vers l’Occident. Le pays qui devait les attirer le plus, répondre à toutes leurs aspirations, les aider dans la réalisation de leur idéal, ne pouvait être que la France, d’où avait rayonné tant de haut faits, tant de noblesse, la France généreuse, protectrice des opprimés. [Densusianu, Ovid, p. 47]  Les Français qui se sont exprimés sur la Roumanie ont bien compris que la relation entre les deux peuples était bien plus profonde, bien plus solide qu’une alliance de circonstance. Elle repose sur une connivence de leurs élites intellectuelles, sur une parenté d’attitudes de deux pays. Les Roumains ne se sont pas limités à imiter ou à s’inspirer de la culture française. Ils lui ont voué un amour et un dévouement sans précédent.  … moi qui aime la France plus que moi-même, autant que ma patrie…  Gheorghe Brătianu  Mon pays et puis la France…  George Enescu  … chaque Roumain a deux patries, la seconde c’est la France…  Ion C. Brătianu  … Paris est pour la Roumanie libre le soleil qui fit éclore dans son sein les germes de la vie civilisée. Toutes les idées généreuses qui transformèrent le milieu complètement oriental de la société roumaine et lui donnèrent le cachet et le vernis occidental européen lui ont été envoyées par ce grand foyer de lumière.   Alexandre D. Xenopol  La France et la Roumanie, ayant la même mission historique de sauver la chrétienté, étaient encore mieux prédestinées à s’entendre. «… La journée triomphante de Racova, où Ştefan cel Mare23 mit en déroute l’armée turque … valut au vainqueur le nom d’athlète du Christ qui apparente la Roumanie à la France, soldat de Dieu… La Roumanie dont  l’histoire a été, durant des siècles, une histoire de larmes et de sang, est, en Orient, comme la France en Occident, la Niobé des nations.» [SaintAulaire, August-Felix-Charles de Beaupoil, Comte de, p. 237] Les historiens et les publicistes français ont toujours été à côté du peuple roumain durant les moments les plus difficiles de leur histoire. Le journal français La Réforme du 4 juillet 1848 annonçait «C’est une république qui est proclamée en Moldavie. L’acte constitutionnel est en français. (…) Ce sont des frères et par les mœurs, et par le cœur et par les principes.» C’était la reconnaissance d’un lien qui ne tenait pas d’une conjoncture donnée. En trois mois, ces jeunes Roumains, imprégnés par des idées révolutionnaires, ont adopté le programme de la révolution roumaine de 1848 et ont décidé leur retour en Roumanie. Quand la régénération intellectuelle, battant son plein, a donné de l’essor à la régénération politique, c’est toujours dans les esprits et dans les plumes éloquentes de la France que les Roumains ont trouvé l’appui nécessaire au triomphe de leur cause juste. Les noms d’Edgar Quinet et de Jules Michelet, – les deux célèbres professeurs du Collège de France, dont le premier avait épousé une Roumaine, Hermione Asachi, la fille du promoteur de la régénération moldave Georges Asachi – ceux de Hippolyte Desprès, Paul Battaillard, Léon Plée, Ernest Desjardins, Abdolonyme Honoré Ubicini, sont inscrits en lettres d’or sur le frontispice du temple de la civilisation des Principautés Danubiennes [Xenopol, Alexandre, p. 11]. Ces notables personnalités ont contribué par leur chaleureuse défense des intérêts du peuple roumain, à le faire connaître en Europe avec son véritable caractère, avec son aspiration vers la Latinité, son amour du progrès et de la civilisation occidentale. N’oublions pas l’empereur français Napoléon III, celui qui «a tiré la Roumanie des entrailles du passé, par la réunion de la Moldavie et de la Valachie, pour la faire entrer, unie et indivisible, dans les arcanes de l’avenir.» [Xenopol, Alexandre, p. 2] A partir des premières années du XIXe siècle une quantité impressionnante d’étudiants roumains a fait ses études en France. Dans les Pays Roumains de cette époque-là, les notions de «renaissance», «civilisation», «nationalité», «indépendance», «France», «Europe» étaient des synonymes du mot «instruction.»24 Le métropolite de Valachie Dosithée (1793 – 1810) a été parmi les premières personnalités à envoyer des jeunes gens à l’étranger pour étudier et se former en tant qu’hommes de lettres et de culture. Comme il était Grec d’origine, le premier pays où partaient les jeunes Roumains c’était la Grèce, ensuite venaient d’autres pays d’Orient. Après cela, on s’est orienté vers Vienne et Rome. Finalement, on a découvert Paris pour ne jamais l’oublier, pour l’adopter comme seconde patrie, en lui envoyant les meilleurs jeunes Roumains et Roumaines, ce «gage de confiance pour l’avenir.» [Conrad, Jean-Yves, p.6] A partir de ce moment, beaucoup de jeunes commencent à faire leurs études en France, avant de devenir de hauts fonctionnaires et des hommes d’état dans leurs pays. Si les Roumains étaient, d’après Stanislas Bélanger, à peine dix dans la capitale française en 1830 et quelque cinquante en 1840, ils y formaient légion après 1848. Ainsi, Ion Heliade Rădulescu, Vasile Alecsandri, les frères Ion et Dumitru Brătianu, les frères Nicolae et Ştefan Golescu ainsi que les jeunes étudiants de România viitoare (1850), Republica română (1851) et Junimea română (1851) hantaient le Paris d’après 1848. L’atmosphère de ces années post-révolu- tionnaires a été décrite par plusieurs personnalités. Nous présentons un fragment d’Alexandru Odobescu : 25  Il fut un temps où nous, jeunes étudiants à l’étranger, étions heureux de nous trouver à Paris, surtout parce que nous y trouvions plus de liberté pour aimer sans crainte notre patrie, pour apprendre avec ardeur son histoire et sa langue, pour tailler et adapter à sa mesure toutes les connaissances que, grâce à notre patriotisme roumain sans réserves, nous avions l’occasion et l’enthousiasme d’acquérir en ce centre de libres lumières.  Parmi ces étudiants nous pouvons citer des Bessarabiens: l’ecrivain Ion Donici-Dobronravov (Chisinău 1887 – Paris 1926), l’historien Alexandru Boldur (Chisinău 1886 – Bucarest 1982), l’ecrivain Elisabeta Eliade, dite Dolenga, l’ecrivain et publiciste Alexandru Donici (Chisinău 1886 – Genève 1936), l’astrophysicien Nicolae Donici et d’autres.26  En ce qui concerne Vasile Alecsandri, il convient de mentionner que ce remarquable poète roumain a vécu à Paris de 1839 à 1843. Il est venu non pas pour passer ses examens d’étudiant en médecine et ensuite en droit, ainsi qu’il se proposait de le faire, en arrivant à Paris, mais pour lire Chateaubriand, Jean-Jacques Rousseau et Lamartine – auquel il dédie une ode en français. Vasile Alecsandri écrira ses premiers vers en français. Militant dans son pays pour une rénovation de la vie politique, pour la justice et le progrès social, Alecsandri a été aussi le premier ambassadeur du message roumain en Occident. Après son premier séjour en France, il fait un long voyage dans des pays romantiques comme l’Espagne, l’Italie, les pays de l’Orient. Tout au long de sa vie, il se servira du français dans sa correspondance personnelle. Son dernier poste avait été: Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Roumanie près du Gouvernement de la République Française. En 1848, après l’échec de la révolution roumaine, il est obligé de quitter la Roumanie et d’émigrer, de nouveau, en France.   «Moi aussi, j’ai mangé le pain amer de l’exil chez Véfour et les frères provençaux…» [Silva, Carmen, p. 10] racontait-il, plus tard, à la Reine de Roumanie, en se rappelant la vie qu’il y avait menée.  En habitant la France, il ne s’est jamais trouvé loin de son pays. Les étapes les plus heureuses de sa vie si sereine et si royalement belle étaient liées à la France. En 1853, les Français ont la possibilité de connaître ses poésies grâce aux traductions faites par Voinesco – «Doïnas» et Antonin Roques27 – «Légendes» (1864). En 1878, Vasile Alecsandri est couronné aux Fêtes du Félibrige à Montpellier pour la poésie «Chant de la gent latine». Le poète avait reçu cette nouvelle avec émotion mais, comme toujours, sans orgueil personnel. Le prix attribué par la Société des Langues Romanes de Montpellier pouvait contribuer à une meilleure connaissance de la Roumanie dans le monde. «Je t’avoue, écrivait-il à un ami, que je me suis grandement réjoui de ce triomphe d’autant plus qu’il a contribué à éveiller de nouveau les sympathies de nos confrères latins à l’égard de notre pays.» [Astrado, revisto bilengo de Prouvenço, № 3, p. 60] Dans la lettre adressée à Frédéric Mistral, Vasile Alecsandri attribuait, de nouveau, tout l’honneur à son peuple: «Je m’abstiens, cher Monsieur et confrère de vous remercier de la part bienveillante que vous avez prise au jugement dont j’ai été favorisé: vous serai, j’en suis sûr, plus sensible en apprenant que la Roumanie a tressailli de joie en voyant ses sœurs latines lui envoyer, sous la forme d’un succès littéraire, la manifestation inappréciable de leurs sympathies dans les circonstances où elle se trouve.» [Astrado, revisto bilengo de Prouvenço, № 3, p. 61]. Les rapports qui se sont établis entre La Roumanie et la Provence ont été sans doute plus nombreux qu’on le soupçonne aujourd’hui, et très chaleureux. Deux personnalités roumaines surtout ont exercé leur attirance sur les esprits provençaux. D’abord Vasile Alecsandri, parce qu’il était un peu le symbole vivant de la renaissance roumaine et aussi la grande voix de la Latinité. Et en deuxième place c’était la Reine Elizabeta, parce qu’elle était d’une sorte l’héritière orientale des Cours d’Amour provençales. «Pour un peu, les Félibres, provençaux, eussent proclamé Carmen Sylva28 impératrice d’Arles …»[Marieton, Paul, p. 25]  Le meilleur artisan de cette amitié provençalo - roumaine a été Frédéric Mistral lui-même. La poésie «A la Roumanio» écrite à Maillane le 18 mars 1880 est la meilleure preuve. «…E li raço latino A ta lengo argentino An couneigu l’ounour que dins toun sang i’avié ; E t’apelant germano La Prouènço roumano Te mando, o Roumanio, un rampau d’oulivié.» Nous avons le plaisir et l’honneur de donner la variante française de la poésie : «…Et les races latines,  A ta langue argentine Ont reconnu l’honneur qu’il y avait dans ton sang; Et t’appelant «ma sœur», La Provence romane T’envoes, ô Roumanie, un rameau d’olivier.» [Mistral, Frédéric, p. 29]     La situation exceptionnelle de Vasile Alecsandri est également déterminée par le fait que très peu de littérateurs ont réussi, comme lui, à exprimer le caractère spécifique de l’âme nationale roumaine. Ce trait a été remarqué et souligné par un grand nombre de Roumains mais aussi par de nombreux étrangers. En 1848, le journaliste H. Desprez lui a consacré des articles dans la « Revue des Deux Mondes ». Jules Michelet lui réserve un chapitre dans son livre « Légendes démocratiques du Nord ». Les Français – Prosper Mérimée, Frédéric Mistral, Mario Rocque, l’Anglais Stanley, l’Italien Vegezzi - Ruscalla entre autres, lui écrivent des lettres et consacrent des études. Ce trait de son œuvre a déterminé la diffusion et le retentissement dont la création d’Alecsandri a bénéficié, à un certain moment, en Europe. C’était une recommandation, une voie ouverte pour toute la littérature roumaine, si peu connue en Occident jusqu’à la fin du XIXe siècle.  Tout au long de sa vie, Vasile Alecsandri subit l’influence romantique française qui se manifeste pleinement dans son œuvre, dans son amour des voyages qui le fit suivre, au moins en observateur, l’état majeur à Sébastopol, à Magenta, à Solferino et qui lui inspira de beaux vers.  La langue française, devenue un moyen de communication par excellence, était apprise d’abord par les descendants des familles de la haute société, ensuite par ceux de la bourgeoisie et même par les jeunes gens d’origine modeste, mais brillants du point de vue intellectuel. Presque toutes les personnalités roumaines marquantes se sont formées en France. Un grand nombre d’entre elles se pressait dans les salles de cours pour suivre les conférences de Jules Michelet ou d’Edgar Quinet, en leur adressant des lettres où, dans un bon français, elles exprimaient le désir de changer la situation dans leur pays.  Vous êtes heureux jeunes Roumains, dans votre pays tout est à faire; chacun de vous peut se distinguer par des actes patriotiques grandiose. [Michelet, Jules, p. 125] La correspondance de Jules Michelet avec les étudiants et les révolutionnaires roumains est le témoignage d’un vrai patriotisme. Prêts à se sacrifier pour une idée, les jeunes Roumains tentaient de sensibiliser les milieux politiques et intellectuels français à ce qu’il se passait dans leur pays. Ils faisaient entendre ces sentiments par l’intermédiaire des gazettes parisiennes. Grâce à leurs liens avec la presse et avec le monde universitaire ils ont fini par attirer l’attention des Français sur les grands problèmes des Roumains. …quand la régénération intellectuelle, battant son plein, donna l’essor à la régénération politique, c’est toujours dans les esprits et dans les plumes éloquentes de la capitale de la France que les Roumains trouvèrent l’appui nécessaire au triomphe de leur cause juste.[Xenopol, Alexandre, p. 1-2] Et vice-versa. Ce sont les jeunes, animés par les idées et l’idéal français, qui mènent le combat contre les mauvaises habitudes dans leurs pays, contre les fausses idées de la classe des boyards. Ils font des tentatives de rapprocher les classes et réussissent à implanter certaines idées modernes. Il réussissent de marquer de leur esprit éclairé la vie des habitants des Pays Roumains. A l’occasion des événements de 1848 la gazette parisienne La Réforme écrivait que les Moldaves et les Valaques sont des Français de l’Orient.  Il est indispensable de remarquer que le président d’honneur de la Société des Etudiants roumains de Paris a été le poète Alphonse de Lamartine. La plus ancienne association des étudiants roumains avait son siège dans la bibliothèque roumaine de Paris, créée en 1846 à la suite d’une donation du Moldave Scarlat Vậrnav. Elle a succédé à la Société de l’instruction pour le peuple roumain (1839). Ses dirigeants fondateurs portent des noms prestigieux: les Valaques Ion Ghica – premier président, Constantin A. Rosetti – premier secrétaire, Nicolae Bălcescu, Dimitrie Bolintineanu, Ion Brătianu, Dumitru Brătianu, Alexandru Golescu, Alexandru G. Golescu, et les Moldaves Scarlat Vârnav, Ion Ionescu de la Brad, Mihail Kogălniceanu, Ion Lecca et d’autres encore. C’est dans cette bibliothèque, au n°3 de la Place de la Sorbonne que Baudelaire a donné la première lecture de ses Fleurs du Mal. C’est à nouveau là que le 1er janvier 1847, pendant la nuit du réveillon, Nicolae Bălcescu a présenté aux membres de la société un Aperçu de l’état présent, du passé et de l’avenir de la Patrie. Sous la devise «Patrie, Fraternité, Liberté», il expose les buts patriotiques et révolutionnaires: «Notre but, me semble-t-il, ne saurait être que l’unité nationale des Roumains. Unité tout d’abord en idées et sentiments, lesquelles devront amener avec le temps l’unité politique (…) et c’est à la création de cette nationalité, à une réforme sociale des Roumains, basée sur les principes sacrés de la justice et de l’égalité, que doivent aboutir tous nos efforts. L’unité roumaine est par conséquent notre drapeau et c’est sous ce drapeau qu’il faut appeler tous les Roumains.» [Conrad, JeanYves, p. 15] La France est considérée par les Roumains comme une importante puissance politique. Elle peut intervenir dans les décisions internationales et contribuer à résoudre certains problèmes. C’est aussi grâce à la France que l’union des Principautés Roumaines a été faite en 1859. La culture française a eu une importance décisive dans la résurrection des Principautés Danubiennes. Les nombreuses traductions des auteurs français – publiées dans les premiers journaux Curierul românesc et Albina româneascǎ confirment un grand désir de perfectionnement et d’instruction. Les associations culturelles possèdent des bibliothèques où les livres français tiennent une place de choix. Des troupes de dilettantes jouent, à travers le pays entier, des pièces d’auteurs français ce qui permet de transmettre les idées nouvelles, la mode française. C’est ainsi que le premier spectacle «Myrtil et Cloé» est réalisé en 1826. On consacre à la France des hymnes empreints d’une fervente admiration. En 1755, la langue française commence à être étudiée dans des écoles à côté du latin et du grec et finit par remplacer ce dernier.  Les intellectuels et les hommes de culture du monde entier considèrent la langue française comme un élément de civilisation et de communication précieux. C’est un bien inestimable de l’esprit européen. Elle reste, en même temps, un lien important et traditionnel pour tous les pays latins. Sa présence dans l’espace roumain est une colonne sans fin et une flamme qui doit être sans cesse alimentée.