Qui étaient ces lampadophores phanariotes?
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MLADIN, Constantin-Ioan. Qui étaient ces lampadophores phanariotes? In: Integrare prin cercetare și inovare.: Ştiinţe socioumanistice, 28-29 septembrie 2016, Chișinău. Chisinau, Republica Moldova: Centrul Editorial-Poligrafic al USM, 2016, Vol.1, R, SSU, pp. 167-169. ISBN 978-9975-71-812-7.
EXPORT metadate:
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Crossref
CERIF

DataCite
Dublin Core
Integrare prin cercetare și inovare.
Vol.1, R, SSU, 2016
Conferința "Integrare prin cercetare și inovare"
Chișinău, Moldova, 28-29 septembrie 2016

Qui étaient ces lampadophores phanariotes?


Pag. 167-169

Mladin Constantin-Ioan12
 
1 Universitatea „1 decembrie 1918”, Alba Iulia,
2 Ss. Cyril and Methodius University in Skopje
 
 
Disponibil în IBN: 13 aprilie 2019


Rezumat

Cette présentation portera sur la longue histoire d’amour (parfois excessive, parfois tortueuse, mais toujours étonnante) entre deux cultures : celle roumaine et celle française. Plus exactement, cet exposé se focalisera sur un aspect des plus significatifs de l’influence de la culture et de la civilisation françaises sur l’esprit public roumain en tant que principal vecteur de ré-ancrage de l’espace roumain à la famille des peuples latins et à la modernité européenne. L’auteur expose l’apport des princes grecs (des drogmans « convertis » en « hospodars phanariotes ») régnant dans les Principautés roumaines (1711-1821), dont la plupart étaient imbus de culture française. L’affaiblissement du caractère oriental de la société et de la langue roumaine grâce au contact avec la langue et la littérature françaises a débuté conjointement avec l’arrivée des princes phanariotes en Valachie et Moldavie. Tout en commençant avec la seconde décennie du XVIIIe siècle, les deux pays roumains, vassaux de l’Empire ottoman, souffraient à cause d’un système politico-financier désastreux causé par la monarchie élective. Pour y devenir prince régnant (voïvode, hospodar), il fallait être élu par l’assemblée des boyards (Divan) et entériné (adoubé) par le Sultan, suzerain des Principautés. Pour être maintenu au trône, aussitôt après avoir monnayé cher son accord, le voïvode devait payer gros à la Sublime Porte. À cela s’ajoutaient les autres contributions, de plus en plus importantes, qu’il fallait verser aux Ottomans en signe de soumission ou d’allégeance, tels le tribut et la dîme. Afin de mieux parvenir au pillage des Principautés, la Sublime Porte y a installa des princes phanariotes, des anciens drogmans, en leur majorité. Les drogmans ou dragomans étaient dans les pays orientaux des interprètes au service des Européens chargés des relations avec le Moyen-Orient et fonctionnaires au service de l’administration ottomane. La caste élitiste et assez restreinte des drogmans, souvent d’origine grecque, assumait des fonctions de traduction, mais parfois aussi de chargé de mission, de négociateur et d’intermédiaire. Descendant en partie de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie byzantine, les dragomans siégeaient, après la prise de Constantinople par les Ottomans (1453), dans le Phanar, un quartier historique de la vieille ville d’Istanbul. C’est donc du nom de ce quartier que dérive leur appellation. Les gérants des Principautés pour le compte de la Sublime Porte sur le plan politique, administratif et financier furent choisis donc parmi les Phanariotes. À cause du Coran, dit-on. Ce qui n’est pas du tout vrai, car aucune sourate ne formule une telle interdiction. Selon mon opinion, il s’agissait plutôt d’une longue tradition combinée à une commodité typiquement «orientale» dans le sens que les Turcs riches se permettaient de payer des personnes spécialisées, de vrais professionnels pour bien accomplir ces taches. En fait, les dragomans étaient des petits despotes dans un monde assez barbare et très traditionnaliste. Ce changement a eu toutefois son bon côté. Paradoxalement, même si le régime phanariote a été une période ténébreuse pour la population autochtone à cause de la fiscalité excessive pratiquée au profit des Turcs, cette étape marqua le début de l’européanisation des classes supérieures roumaines, quoique ce procès ait été initialement assez superficiel. Malgré le caractère discontinu du régime (les Phanariotes étaient élus pour un mandat de trois ; ces mandats étaient toutefois renouvelables et interchangeables entre la Valachie et la Moldavie), les Phanariotes ont été les intermédiaires de la culture moderne, plus exactement de la culture des Lumières françaises. Les Phanariotes se donnèrent pour but exclusif de s’approcher de l’Occident, afin de faire lever la culture de la Grèce au niveau de celle ouest-européenne et… au préjudice des Turcs. Agissant toujours au nom du patriotisme grec, ils ne se ménagèrent en rien pour saboter ceux aux services desquels ils se sont mis pourtant. Polyglottes innés, par vocation et aussi par profession (les dragomans devraient maîtriser les langues étrangères auxquelles les Turcs n’avaient pas accès), les princes régnants phanariotes ont eu un rôle essentiel dans la pénétration des idées illuministes dans le domaine politique, économique, social et culturel. Possédant le sentiment de la culture et un vif intérêt pour ce qui se passait en Europe, les Phanariotes dont les aptitudes intellectuelles et le niveau culturel étaient beaucoup supérieurs à ceux des Moldo-Valaques, se sont entourés d’érudits, ont fondé des écoles, ont stimulé les traductions et les publications. Plusieurs hospodars, grands admirateurs de la culture française ont eu des contributions significatives quant à l’intérêt porté à la civilisation occidentale et à la francisation de la langue roumaine. Les personnalités les plus emblématiques restent: Nicolas Mavrocordato, Constantin Mavrocordato, Alexandre Ypsilantis, Nicolas Caradja. L’exemple des hospodars phanariotes a été suivi aussitôt et de près par des boyards roumains (et grecs) de Moldo-Valachie. Pas par tous les boyards. Cette modernisation a été souhaitée par certains, mais ignorée, nié ou même redoutée par d’autres. Les conservateurs, plus attachés aux valeurs traditionnelles ou simplement très intéressées à ne pas manquer les privilèges gréco-turcs furent nommés par les jeunes tombatera, allusion à la façon démodée dont ils s’habillaient. Ce processus s’est produit dans le cercle restreint de la haute classe gréco-roumaine qui n’avait aucun contact avec les larges masses de la population.