Un rituel de protection réservé aux femmes: l’opakhivanie dans le village russe du XIX° s.
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396(=161.1)(470-22)"XVIII" (1)
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SM ISO690:2012
CONTE, Francis. Un rituel de protection réservé aux femmes: l’opakhivanie dans le village russe du XIX° s.. In: Muzeul Naţional de Istorie a Moldovei. : Istorie - Arheologie - Muzeologie, Ed. 30, 29-30 octombrie 2020, Chisinau. Chişinău: Casa Editorial-Poligrafică „Bons Offices”, 2020, Ediția 30, pp. 58-59. ISBN 978-9975-87-736-7.
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CERIF

DataCite
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Muzeul Naţional de Istorie a Moldovei.
Ediția 30, 2020
Conferința "Conferinţa ştiinţifică internaţională a Muzeului Naţional de Istorie a Moldovei. "
30, Chisinau, Moldova, 29-30 octombrie 2020

Un rituel de protection réservé aux femmes: l’opakhivanie dans le village russe du XIX° s.

CZU: 396(=161.1)(470-22)"XVIII"

Pag. 58-59

Conte Francis
 
Sorbonne Université
 
 
Disponibil în IBN: 14 iunie 2022


Rezumat

Lorsqu’une épidémie d’épizootie était annoncée dans un village russe et qu’elle menaçait directement le bétail qui le nourrissait, un certain nombre de femmes décidaient de préparer, puis d’exécuter, une procédure de protection exceptionnelle appelée opakhivanie (опахивание). Pour cela elles se regroupaient, seules, et choisissaient de franchir les règles et les limites qui réglaient leur vie dans le cadre contraint et codifié du village. Afin de contrecarrer le chaos que ne manquerait pas de créer l’épidémie, elles se fixaient pour but de créer un contre-chaos. Celui-ci se voulait résolument sacrilège: il était fondé sur l’inversion des rôles traditionnels entre les femmes et les hommes. A l’encontre de la mission à laquelle elles étaient ordinairement astreintes, elles se donnaient pour but d’enfreindre cette loi de façon radicale. Ce renversement absolu devait donner sa force initiale au rituel d’opakhivanie. L’action concrète de ces femmes comportait plusieurs obligations qui excluaient les hommes auxquelles elles se substituaient. A l’aide d’une charrue, elles creusaient un sillon (un travail normalement dévolu aux hommes), et traçaient un cercle sacré qui devait être inviolable. Elles avaient à le faire dans un contexte rituel très précis: il devait avoir lieu la nuit (alors qu’elles ne devaient jamais sortir seules à cette heure), sans qu’aucun homme ne fût présent (sinon à ses risques et périls), et le plus souvent dénudées (ce qui était condamnable en dehors des bains dans la rivière). De plus, ces femmes ne devaient pas ou plus avoir «connu» d’hommes: il leur fallait être «pures» – jeunes filles, veuves ou vieilles femmes. Enfin si certaines de ces femmes faisaient du vacarme en tapant violemment sur des casseroles ou d’autres objets en fer (contrairement, là aussi, à la réserve silencieuse qui devaient être la leur), d’autres portaient une icône (souvent de St Blaise – protecteur du bétail), d’autres brandissaient par exemple une tête d’ours. C’est ainsi que, dans le village russe du XIX° s., l’opposition femmes/hommes, s’inscrivait dans une autre dichotome: celle que l’on appelle la «double foi» (двоеверие) – un syncrétisme fonctionnant entre un héritage païen caractéristique et une adhésion forte à l’orthodoxie, et qui se voulait doublement efficace.