Contexte et dialogisme: une dynamique discursive du sens
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CÎŞLARU, Georgeta. Contexte et dialogisme: une dynamique discursive du sens. In: Tradiţie şi modernitate în abordarea limbajului: Materialele colocviului comemorativ international consacrat aniversării a 65-a de la naşterea profesorului Mircea Ioniţă, 25 noiembrie 2006, Bălţi. Bălţi: Universitatea de Stat „Alecu Russo" din Bălţi, 2006, pp. 90-93. ISBN 978-9975-50-014-2 .
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CERIF

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Dublin Core
Tradiţie şi modernitate în abordarea limbajului 2006
Colocviul "Tradiţie şi modernitate în abordarea limbajului"
Bălţi, Moldova, 25 noiembrie 2006

Contexte et dialogisme: une dynamique discursive du sens


Pag. 90-93

Cîşlaru Georgeta
 
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
 
 
Disponibil în IBN: 22 martie 2020


Rezumat

Le co-texte et le contexte sont deux variables incontournables en linguistique. De fait, si les unités linguistiques (phonèmes, morphèmes, lexèmes) peuvent avoir une valeur bien définie en langue, elles ne font véritablement sens que lorsqu’elles se combinent les unes aux autres dans une situation de communication orale ou écrite. Il s’agit d’observer dans cet article la dynamique de la relation contexte – unités linguistiques. C’est une étude portant sur le discours de presse, et plus particulièrement sur des énoncés contenant des noms de pays, qui appuiera cette réflexion. Comme leur nom l’indique, les noms de pays détiennent un potentiel référentiel qui les attache à des individus appartenant à un domaine de référence spécifique, les pays. Mais, si les noms propres soulignés en gras désignent bien des pays, dans le premier cas, on parle d’une force militaire (armée, forces aériennes, etc.), tandis que dans le deuxième, il s’agit d’équipes sportives. (1) a) SOUDAN/États-Unis: plainte du propriétaire d'une usine bombardée par les États Unis en 1998 (Le Monde, 29.07.00) ; b) La NouvelleZélande a battu l'Australie (39-35), [lors du premier match du Tri-nations, joué devant une foule record de 109 874 spectateurs, samedi 15 juillet, au stade olympique de Sydney (Australie).] (Le Monde, 18.07.00) Le co-texte, c’est-à-dire l’environnement phrastique ou transphrastique, rend accessible le sémantisme des vocables [Cusin-Berche 2003, p. 18]. Ce sont avant tout les verbes – bombarder et battre – qui servent d’indices d’interprétation et identifient la nature du référent sujet. Mais le score indiqué entre parenthèses, les mots match et stade sont également des indices co-textuels fiables dans l’exemple 1b.  Avec l’énoncé 2, le cotexte s’élargit au transphrastique, voire au trans-textuel, étant donné que le texte de l’article contient des éléments susceptibles de préciser l’interprétation du titre qui, lui, est un élément du paratexte. Ainsi, l’Allemagne et Gerhard Schröder sont coréférentiels si on en juge d’après les reprises prédicatives tente de passer en force – après avoir forcé la main – s’attaque [aux réticences] : (2) L’Allemagne tente de passer en force (titre) Après avoir forcé la main à ses partenaires européens, Gerhard Schröder s’attaque maintenant aux réticences américaines. (corps d’article) (Le Point, 03.03.00) Le contexte socio-historique intervient directement dans l’interprétation des énoncés qui suivent: (3) a) Israël contre Israël. (Le Monde diplomatique, 01.02., titre) ; b) Le Japon a mal à son âme. (Libération, 25.05.00, extrait du titre). On fait allusion, dans le premier cas, à la guerre interne qui ronge Israël et, dans le second cas, à la crise que traverse la société nippone: «Un Japon dont l'image narcissique est corrodée par la crise économique: déconsidération de soi, sentiment d'abandon, bouleversements culturels. Des anonymes témoignent sans fausse pudeur» (Libération, 25.05.00). Le co(n)texte se présente dans ces exemples, et par ordre croissant, comme «une série sans fin d’emboîtements» [Kerbrat-Orecchioni 1996, p. 41], dont les limites sont difficiles à établir: le co-texte est-il suffisant pour l’interprétation des deux premiers exemples ? Se contente-t-on des indices co-textuels lorsqu’on a accès à des informations contextuelles concernant l’intervention américaine au Soudan en 1998 (1a) ou encore les compétitions sportives (1b) ?  Le rapport entre mots, co-texte et contexte est des plus complexes. Le mot est inéluctablement dialogique, car «habité» par des discours qu’il a déjà traversés [Bakhtine 1977] et qu’il conserve dans sa «mémoire» [Moirand 2003]. Il restitue ensuite tout ou partie de cette mémoire, comme autant de concentrés de contextes, à chaque usage, en laissant ainsi son empreinte sur les discours qui l’actualisent [Cislaru 2003]. Ainsi, Bosnie renvoie à des moments discursifs [Moirand 2003] précis dans la presse française, le cas du conflit ethnique bosniaque ayant donné lieu à une production discursive intense et diversifiée: (4) Mindanao, une Bosnie asiatique (Le Monde, 06.07.00) Le nom de pays construit ici le contexte, en assurant le passage du discursif à l’encyclopédique, c’est-à-dire de thématiques traitées et développées – et quelque part construites – par le discours de presse à un savoir qui se réclame de l’histoire, car il englobe déjà un point de vue établi sur les événements. C’est dans ce contexte construit in situ que Mindanao prend tout son sens. Le contexte d’un emploi est donné en vrac, c’est un environnement touffu de faits et d’indices potentiels, qui commencent à s’organiser en indices effectifs uniquement lors de la lecture /audition de l’énoncé; le contexte «se construit pendant l’interprétation de la phrase elle-même» [Kleiber 1994: 16]. La dynamique [van Dijk 1977, Duranti et Goodwin 1992, Kerbrat-Orecchioni 1996, Mahmoudian 1997, Rastier 1998] et la réciprocité – mot et contexte s’influencent et se conditionnent réciproquement, comme le met par exemple en exergue l’étude de la polysémie [de Voguë et Paillard 1997; Victorri 1997] – semblent être les deux particularités intrinsèques du co(n)texte. Le dialogisme des mots apparaît à la fois comme garant et déclencheur de la dynamique et de la réciprocité du contexte.